La Maison radieuse

Nantes, le 11 juillet 2015.

J’ai eu l’occasion de visiter ce week-end la Maison radieuse de Rezé (qui vient de souffler ses 60 ans). En temps qu’amateur d’architecture, ce fut un véritable plaisir de découvrir ce témoin vivant de l’œuvre de Le Corbusier.

Une des façades colorées de l’immeuble.

La visite se fait deux fois par semaine (le mercredi et le samedi) et par petits groupes. Il faut au préalable réserver à la mairie, puis se présenter sur place un peu avant 11 heures pour payer une somme modique. Depuis l’hôtel de ville, on se rend ensuite à pied dans l’unique hall de l’immeuble pour y retrouver notre guide (passionné !) qui commentera la visite pendant environ 90 minutes.

Une seconde vue qui met en évidence les balcons ; avec une branche au premier plan.

Ce monument historique – patrimoine du XXe siècle – est visible depuis une grande partie de la métropole nantaise et ne s’accorde pas vraiment au paysage. Cet énorme bloc de béton gris foncé fait plutôt fuir au premier abord. Seules quelques tâches de couleurs visibles dans les balcons viennent péniblement égayer l’ensemble.

La première pierre posée. L’immeuble est gravé dessus, surmonté par le cycle du soleil.

La visite commence par les extérieurs et par le grand parc qui entoure le lieu. On retrouve un des principes chers à l’architecte : la structure sur pilotis. Pour un immeuble de plus de 50 mètres de haut, construit dans les années 50, c’est impressionnant. Le Corbusier cherchait ainsi à conserver un espace dégagé au sol : un des « cinq points de l’architecture moderne » selon lui et son cousin (Pierre Jeanneret).

Les pilotis permettent au regard de traverser.

Vue sous l’immeuble : le béton est omniprésent.

Un principe qui s’inscrit dans un vaste système de règles et de théories (certaines discutables), que l’on retrouvera tout au long de la visite, parfois même sous forme de mode d’emploi gravé sur les façades.

Une fresque abstraite sur un mur qui reprend le nombre d’or.

Sous un mur de béton impressionnant, un arbre regavé représente la nature.

Une silhouette est sculptée dans la pierre.

Je ne suis pas totalement convaincu par le « modulor » (module et nombre d’or) mais les idées étaient cependant révolutionnaires pour l’époque. (Certaines le restent !)

Trois ascenseurs desservent les étages (les « rues »), eux-même permettant d’accéder aux différents duplex qui s’emboitent et se juxtaposent astucieusement. On y croise la population de l’immeuble (pas loin de 300 appartements), souriante et prête à discuter du plaisir de vivre ici.

Le bureau de poste est déserté, mais le marché hebdomadaire le remplace, et l’esprit communautaire semble intact puisqu’un espace bibliothèque est encore présent dans l’immeuble. De nombreuses associations sont également actives, tout comme il existe un espace de recyclage. L’esprit village souhaité par son créateur est donc encore présent au « Corbu ».

Vue sur l’extérieur depuis un palier d’ascenseurs.

L’aspect intérieur reste en béton brut et coloré. Mais étrangement le charme opère. On ressent pleinement l’approche globale de l’artiste et de nombreux détails montrent à quel point l’ensemble est étudié.

Les boutons d’appel de l’ascenseur sont cerclés d’une tâche noir qui se détache d’un mur jaune vif.

Après un passage sur le toit où l’on découvre une école maternelle (!), une belle vue sur Trentemoult (accessible à pied) et Nantes, direction l’appartement témoin qui n’a pas bougé depuis la création de l’unité d’habitation.

On découvre alors les aménagements intérieurs proposés, les prestations avant-gardistes offertes, et de nombreux objets rétros qui reviennent à la mode actuellement.

Une lampe rétro devant un panneau en bois.

La visite s’achève ensuite du côté de la façade Est où un bassin vient border les pieds de la construction.

En partant, vous pourrez aussi rechercher le travail de Jinks, qui rend hommage à Charles-Édouard Jeanneret-Gris.

J’ai été très surpris après cette visite enthousiasmante de découvrir que les appartements étaient tout à fait abordables.

Sachez également qu’une reproduction d’un des duplex (marseillais cette fois) est visible au Palais de Chaillot, à Paris (entre autres choses).

Une vue lointaine de l’édifice, au milieu de la verdure.

Vincent.

2 commentaires.

  • Marie Guillaumet , le 12 juillet 2015.

    Ah, très chouette ! Cela m’aurait plu de faire cette visite :)

  • Emmanuel , le 15 septembre 2015.

    Belles images Vincent. Je suis passé mille fois aux pieds de cet ouvrage sans l’avoir visité encore à ce jour. Un jour certainement.

    Pour rester dans l’époque et pour parler photographie, Lucien Hervé a autrefois réalisé de très belles images sur les ouvrages du Corbusier.

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